Quand les murs ont des oreilles … (violences verbales et physiques)

Quand les murs ont des oreilles …

Un billet que je ne pensais pas écrire tant je n’aime pas aborder ce sujet …

Pourtant, même sans cliquer sur les différents articles du Parisien qui surgissent violemment ces derniers temps sur mon fil d’actualité, je ne peux pas faire semblant et ignorer ces tristes faits divers ou des enfants perdent, sans raison, la vie sous les coups d’un proche.

Il y a eu des cas où il était reproché aux mères, aux institutions, à la famille, à la Justice voire même aux voisins de n’avoir rien dit, de n’être pas intervenus, de ne pas avoir su protéger comme il se devait, comme ils le méritaient, ces enfants.

Les murs ont des oreilles…

J’ai moi même vécu dans deux contextes différents ce rôle de voisin.

L’été dernier, durant nos vacances dans le Sud. Une famille ordinaire, un papa, une maman et deux enfants. Une famille discrète qui faisait d’ailleurs bien moins de bruit que nous avec nos 2 tornades de cousin et cousine.

Tellement discrète que j’ai pensé pendant plusieurs jours qu’ils n’avaient qu’un seul enfant !

Des enfants sages que nous n’entendions pratiquement jamais.

Un bonjour dans les escaliers ou sur le chemin de la plage, c’est le seul contact face à face que nous avons eu.

Tout le reste s’est passé à travers les murs.

Pas de hurlement, pas d’éclat …

J’ai d’abord entendu un après-midi, là juste en dessous de ma véranda, une maman épuisée.
Une maman qui se plaignait de ne pas pouvoir se reposer, de ces vacances qu’elle jugeait médiocres et inintéressantes, qui en avait marre de ses enfants autant que de son mari. Une maman à bout.

J’ai d’abord perçu cette image de maman fatiguée qui me rappelait mon propre état avant de partir en vacances l’été dernier et dont je te parlais dans cet article : Je suis cette mère qui plane (lien direct à l’article).

Et puis au fil des jours et des conversations entendues j’ai compris que non… Elle et moi n’en étions pas au même stade du tout et surtout nous n’étions pas les mêmes mamans.

Les propos entendus m’ont bouleversé chaque jours un peu plus.

J’ai entendu cette maman prête à faire ses valises, voulant rentrer tandis que son mari tentait de la raisonner et de lui proposer de pimenter un peu leurs vacances avec de nouvelles activités, la location étant déjà payée.

J’ai entendu cette maman remplie de reproches, de fatigue, de regrets, de lassitude avec des propos très durs envers ses enfants.

Ces phrases qui remontaient jusqu’à ma fenêtre tous les jours m’amenant par moment à lui rétorquer un « bon ça va maintenant stop ».

Et puis un soir, des cris et des pleurs qui, les fenêtres ouvertes, ne peuvent nous échapper.

Le petit garçon venait de faire une chute dans la salle de bain comme cela peut arriver chez chacun d’entre nous. Il pleurait, apeuré, le visage visiblement abîmé. Je m’attendais alors, sûrement naïvement, a enfin découvrir une maman, une vraie, une maman protectrice, une maman aimante, une maman inquiète.

Mais j’avais tout faux.

J’ai entendu une mère encore plus dure, haineuse et complètement distante. Pas un câlin, pas un mot de réconfort, pas un geste d’amour pour son fils en pleurs le visage saignant.

Une mère accablant de nouveau son mari, le laissant gérer seul cette situation d’urgence.

Et puis, l’inconcevable est arrivé.

J’ai entendu cette mère tenir des propos intolérables pire que les jours précédents « c’est bien fait« , « j’en ai ras le bol, regarde la tronche qu’il a maintenant », « regarde son nez c’est affreux il est défiguré », « c’est bientôt la rentrée regarde la tête qu’il va avoir », « je t’avais dit qu’on aurait dû rentrer », « moi c’est clair c’est même pas la peine, il reste pas avec moi, je ne donne pas la main à un gosse qui a une tronche pareil », « j’en sais rien fais ce que tu veux avec lui », « bien-sûr que son nez doit être cassé il saigne« , « il va rester comme ça moche maintenant ».

Des propos tenus face à son propre enfant de 3-4 ans qui pleurait déjà sous la douleur et la peur.

Mon cœur s’accélérait, mon énervement s’amplifiait chaque seconde davantage.

Ce soir là, j’arrivais à saturation. Je ne pouvais plus être spectatrice malgré moi d’une famille à la dérive juste là sous mes fenêtres. Je ne pouvais plus supporter le comportement de cette mère face à ses 2 enfants forcément en souffrance mais dans le silence le plus complet. Une souffrance cachée sous l’image d’une famille d’apparence normale.

Je ne tenais plus, les 4 jeunes parents que nous étions ne tenaient plus.

J’ai décidé de descendre, je voulais le prendre moi cet enfant, je voulais le soigner, je voulais lui faire un câlin.

Mon mari m’a stoppée. Nous avons entendu le père prendre enfin la décision de se rhabiller et d’amener l’enfant à l’hôpital. Il pleure toujours. Avec ma grande sœur nous sortons et guettons devant la porte d’entrée, nos escaliers desservant aussi l’appartement du dessous. On fixe le père dès sa sortie de l’appartement qui nous fuit du regard, énervé, stressé mais visiblement pas gêné… Il balança à son fils un ultime « t’es content hein ? Tu crois que ça me fait plaisir d’aller à l’hôpital à 22h00 ? Arrête de pleurer ça va ! ».

Je n’ai pas pu me retenir. C’était trop, du haut des escaliers, c’est mon cœur de maman qui a parlé, qui a crié : « mais faut vraiment être con, bien-sûr qu’il pleure parce qu’il a mal votre fils ».

J’ai croisé rapidement le petit garçon le lendemain, il était toujours aussi mignon. Les vacances se terminaient pour eux. J’ai donc passé, bien malgré moi, une semaine de vacances avec cette famille. Entendant tout de leur vie privée, constatant des choses anormales et des violences verbales humiliantes et traumatisantes. J’ai eu mal pour eux. J’ai été impuissante, que pourrais-je faire en seulement une semaine ? Outre leur faire comprendre que sous ce masque de famille idéale, j’avais remarqué, j’avais entendu, j’avais répondu et j’étais choquée. Peut être faut il espérer et garder espoir qu’il ne s’agissait que des vacances, que cette maman a pu retrouver la raison et son rôle de maman… Je leur souhaite …

Parce qu’il existe des violences verbales mais aussi des violences physiques.

Les violences physiques j’en ai été témoin pendant presque 2 ans, cette fois avec mes voisins du dessus.

A l’époque, je vivais seule dans mon petit studio. Juste au dessus de chez moi vivait un jeune couple.

Encore une fois, un couple discret, que je ne croisais que très rarement.

Violences à l’intérieur, grande discrétion à l’extérieur serait ce le maître mot…

Je l’entendais cet homme jaloux maladif dont les crises dégénéraient bien trop souvent en flot d’insultes envers sa compagne. Je l’entendais oui et ne devais pas être la seule, les fenêtres parfois même grandes ouvertes, sans aucune gêne aucune.

Un homme macho, qui exerçait une pression mentale et physique si forte sur sa compagne qu’elle en était devenue silencieuse.

Des insultes qui résonnaient chez moi mais aussi des coups…

Leur logement parfaitement similaire au mien, j’ai entendu sa main claquer sur elle, son corps heurter le radiateur au point de faire vibrer mon propre radiateur, son poids tomber au sol en plein milieu de la nuit, là juste au-dessus de mon lit.

J’étais témoin de son calvaire, le plafond pour seule séparation.

Des violences ponctuées de longs mois paisibles d’accalmie…

3 fois … peut être plus… comment savoir ce qu’il se passait lorsque je n’étais pas là …

J’ai appelé la Police à chaque fois. Parfois même en pleine nuit. Les policiers sonnaient chez moi, prenaient des informations puis montaient. Et le calme revenait.

J’ai beaucoup souffert de ce voisinage.

Je me revois encore, l’une de ces fameuses nuits, assise là sur le bord de ma baignoire, angoissée de leurs moindres gestes, émue par ses pleurs traversant la bouche d’aération de ma salle de bain, à guetter impatiemment l’arrivée de la Police.

A l’époque j’avais aussi abordé discrètement mon gardien pour lui faire part de la situation, leurs voisins de palier devant aussi forcément entendre… C’est fou comme les gens sont sourds quand ça les arrange.

J’avais quoi … 25 ans, j’étais jeune et cette fille avait le même âge que moi. Oui je me suis souvent demandé pourquoi elle restait, pourquoi elle subissait sa vie.

Ces situations ne sont pas simples… surtout pour les victimes. Comment agir ? comment l’aider ? souhaite t’elle de l’aide ?

J’ai prévenu la Police qui est toujours venue à chacun de mes appels, peut-être aurais-je aussi pu contacter le 3919…

Et puis, j’ai déménagé, ils vivent toujours là bas … Tous les 2…

Simple voisine, simple femme, simple témoin… je ne pouvais pas changer SA vie.

L’essentiel c’est d’agir, comme on peut, mais surtout de ne pas fermer les yeux.

Blog Maman a aussi un prénom
Maman a aussi un prénom

5 réflexions sur “Quand les murs ont des oreilles … (violences verbales et physiques)”

  1. Il m’a monté les larmes ce texte. Je l’avais oublié cette femme du dessus.
    Je l’ai aussi entendu dans mon propre immeuble et je n’ai pas su réagir. Et quand tu demandes l’avis des personnes autour de toi on te répond « ça ne te regarde pas » mais comment faire pour ne rien faire. En tant que femme mais surtout en tant qu’être humain.
    Pire aujourd’hui en tant que mère je ne pense pas que je resterais à nouveau dans agir surtout s’il s’agit d’un enfant.

  2. LuciledeGuinzan

    Arf il me prend aux tripes ton article. Ce qui me fait le plus mal c’est le sentiment d’impuissance et maintenant que je suis maman surtout pour les enfants. Ce petit qu’est-ce qu’on pouvait faire ? Bien sûr qu’on avait envie de courir le prendre dans nos bras mais c’est juste pas possible et dans tous les cas il repart ensuite avec sa « famille »…

    1. Maman a aussi un prénom

      En voilà un petit mot qui me touche aussi là en plein été ☀️.
      Sacré Facebook bloque beaucoup trop les publications. Ton commentaire est parfaitement juste tout est dit

  3. Une femme meurt tous les 3 jours du fait de violences au sein du couple. Violence physique ou psychologique, il faut réagir et lutter contre le « ça ne nous regarde pas ». Parce que ça peut nous regarder le jour où la femme d’à côté ne sera plus notre voisine mais un chiffre de plus dans les statistiques des décès des suites de violences.
    Il existe différents sites pour savoir comment faire ou comment réagir qu’on soit victime ou témoin (site stop violences, le 3919, les associations comme les CIDFF http://www.infofemmes.com , l’AVFT…)
    Ton article fait bien prendre conscience de la difficulté d’intervenir, du tabou des violences…

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